lundi 16 août 2010
Brice d’Auvergne
La meilleure défense, c’est l’attaque. Depuis quelques semaines, le gouvernement semble avoir adopté cette stratégie. Après avoir exilé Eric Woerth à Chamonix pour ne plus laisser cette plaie béante à la portée des offensives (timides) de l’opposition et (beaucoup plus agressives) des médias, l’équipe Sarkozy est repartie à l’attaque.
Si le président a balisé la voie lors de son allocution grenobloise, c’est Brice Hortefeux qui, galvanisé, embraye de façon incontrôlable.
Sans même revenir sur sa récente condamnation pour injure raciale, il est très gênant d’entendre un ministre prendre position de façon précipitée et violente sur des sujets fondamentaux.
« Lorsque j’entends des responsables politiques défendre la dépénalisation du cannabis et l’implantation des salles de shoot, je me demande : jusqu’où ira-t-on dans l’irresponsabilité ? » s’interrogeait le ministre au début du mois de juillet. La question des « salles de shoot » n’a rien d’évident. Les points positifs observés des les pays où ces salles ont été expérimentées (suivi des usagés, hygiène des injections, chute de la mortalité…) doivent être mis en rapport avec problèmes qui y ont émergé (augmentation de la consommation, risque d’initiation, présence de dealers à proximité des centres…) avant toute prise de décision. Décréter de façon préventive que débattre de l’opportunité d’une telle politique relève de l’ « irresponsabilité » montre une fermeture d’esprit et un empirisme peu appropriés à la fonction de ministre de l'intérieur dont l'une des missions est de « Protéger la population contre les risques ou fléaux de toute nature ».
Dans un autre registre, le ministre n’hésite pas à qualifier de « présumé coupable » un mis en examens. Faute de langage ? Interrogé sur ses propos, il persiste : « Mon opinion est faite ».
Brice Hortefeux caractérise, ainsi, la fuite en avant d'une équipe gouvernementale qui exhibe des certitudes basées sur des idéologies contestables en tentant d'en faire un nouveau socle identitaire pour des électeurs désemparés.
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Politique
mardi 4 mai 2010
Du cas hellène à l’harmonisation européenne.
La crise traversée par la zone Euro peut être maîtrisée et ses enseignements orienter de nouvelles règles communes pour ses pays membres.
1) Dompter - sans enrager - Athéniens (… et Romains).
Angela Merkel, après s’être fantasmée en maîtresse de l’orthodoxie financière européenne, a fini par se résoudre à ne pas jouer les sorcières face à la marmite systémique. Les 110 Milliards d'Euro apportés par l’Europe et le FMI représentent une somme largement supérieure à celle qu’il aurait été nécessaire de débloquer, il y a encore quelques semaines, pour calmer les craintes des prêteurs (et l’appétit des spéculateurs). On est cependant très loin de l’addition qu’aurait représenté un TEERP (pour Troubled European Economy Relief Program pendant du TARP mis en place par le trésor américain pour couvrir les banques étasuniennes suite à la faillite de Lehman Brothers).
Il est désormais impératif de maintenir l’épicentre grec sous observation sans pour autant faire preuve d’un zèle excessif qui provoquerait le renversement du volontaire gouvernement hellène.
Il est également important de tenir l’Italie à distance de la moindre menace car, dirigé par un eurosceptique populiste, elle pourrait pulvériser l’Euro à la moindre secousse.
2) Définir une zone économique homogène
Les efforts exigés de la Grèce doivent amorcer un mouvement d’harmonisation des économies européennes. Il est impossible de partager une monnaie sans définir un mode de fonctionnement commun. La cure grecque doit être prescrite à l’ensemble des pays européens de façon à harmoniser fiscalité, traitement des fonctionnaires, age de départ de retraite… Le débat sur les conditions optimales et pérennes à mettre en place aurait du être tranché avant même la mise en place de la monnaie unique. Il ne peut aujourd'hui plus attendre.
La crise grecque est un rappel à l’ordre au coût limité. Ouvrons les yeux si nous souhaitons pas rejouer jusqu’au point de rupture la fable de « La Cigale (latine) et la Fourmis (germanique) ».
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lundi 26 avril 2010
« Let’s talk about SEC, baby… »
Alors que la Securities and Exchange Commission (SEC) comptait regagner du crédit en s’attaquant à Goldman Sachs, voici l’organisme rattrapé par une histoire tout simplement ridicule.
Une inspection interne, menée par le gendarme des marchés américains, révèle que 33 de ses salariés ont consulté des images pornographiques depuis leurs ordinateurs professionnels, pendant leurs heures de travail et pour des visites atteignant jusqu’à 8 heures par jour.
Dans d’autres circonstances, l’affaire aurait amusé car l’information selon laquelle les régulateurs des marchés portaient plus d’intérêt aux positions prises par Sasha Grey qu’à celles prises par Bernard Madoff a quelque chose de caustique.
Cependant, dans un contexte de crise généralisée, cette affaire soulève une interrogation : quelle est le rôle de la hiérarchie dans les structures financières ?
Souvenons-nous, par exemple, du cas Kerviel dont les supérieurs avaient déclaré ne pas être au courant des agissements de leur subordonné… et il y a fort à parier Fabrice Tourre se trouvera aussi isolé…
Deux questions se posent donc :
- Le degré d’autonomie accordé aux cadres bancaires à partir d’un certain niveau n’est-il pas excessif ?
- Si une telle autonomie est nécessaire et efficace, quelle est alors la fonction de leurs supérieurs hiérarchiques ?
La réponse à ces questions est une première étape dans la reprise en main des banques.
Il y a aujourd’hui urgence car le discrédit est tel, à tous les niveaux (banques, régulateurs…), que les particuliers, inquiets, pourraient opter pour placer leur argent… sous l’oreiller.
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Economie
dimanche 18 avril 2010
Mélanie Laurent, ambassadrice enthousiaste et nécessaire de la « Positive Attitude ».
Tout le monde se souvient avec un sourire de Jean-Pierre Raffarin – alors premier ministre –nous invitant à adopter la « Positive Attitude » alors chantée par l’éphémère Lorie. La société du « Care », nouveau refrain de Martine Aubry, ne semble clairement pas destinée à une adhésion plus massive…
Il est pourtant important de trouver des ressorts pour émerger de l’abîme dans laquelle nous plongent les difficultés auxquelles nous sommes confrontés mais aussi celles qui nous sont quotidiennement rapportées.
Un rapide tour d’horizon de la semaine qui prend fin illustre – malheureusement de façon non caricaturale – l’enfer que semble être notre société.
Une prise d’otage menée par un homme multirécidiviste souhaitant être transféré dans une prison proche du lieu de résidence de sa femme et de son nouveau-né [belle histoire entamée et consommée dans l’huis clos de la prison]. L’annonce de la révision de deux procès dans des affaires où l’ensemble des acteurs sont au moins aussi glauques que les faits jugés. Au-delà de ces cas, on découvre une nouvelle fois qu’il n’existe parfois aucun refuge pour échapper à cette violence. L’affaire des viols collectifs aux Ulis nous à (re-)plongé dans le quotidien inhumain d’une famille délaissée par les pouvoir publics et n’ayant plus d’autres alternatives que la fuite. Encore plus inquiétant – car insidieux – le témoignage, dans Libération, d’un « bon » père de famille condamné pour détention de millions d’images pédo-pornographiques souligne l’omniprésence de l’anormalité.
Dans un tel contexte, l'actualité internationale – pourtant dramatique –(deuil polonais, nuage islandais, irrégularités massives de Goldman Sachs…) a occupé une fonction de spectaculaire échappatoire.
C’est dans cette effroyable série que le Monde Magazine publie aujourd’hui une interview salvatrice de Mélanie Laurent.
Pourquoi « salvatrice » ? Tout simplement car pour la première fois en une semaine apparaissaient des termes que l’on pensait disparu de notre vocabulaire. Les mots « amour », « cohérence », « bien » « beau » sont ici prononcés avec une simplicité et une honnêteté telles qu’ils freinent notre chute dans l’inhumanité.
Loin d’être futile, il est heureux de voir des êtres aussi sains et naturels servir de modèle à une génération qui se développe dans un environnement aussi abîmé.
Merci Mélanie!
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Société
mardi 23 février 2010
"France Story"
A quelques jours d’intervalle, deux journalistes viennent de nous livrer les témoignages d’individus plongés dans une précarité abyssale.
Le premier est un article de Léa-Lisa Westerhoff qui a rencontré au Maroc trois jeunes adultes fraîchement expulsés de France ("Je ne comprends pas, ma vie est en France").
Ces témoignages permettent de sentir à quel point le terme "expulsion" est approprié.
Il ne s’agit nullement de "reconduite à la frontière". Le pays dans lequel sont débarqué ces trois jeunes leur est inconnu pour ne pas dire hostile.
Pour Hassan, Salima et Mohamed - tous arrivés en France il y a plus de 5 ans - il n’existe dans ce pays aucune équivalence au niveau des diplômes, pas d’emploi et dans les cas les plus extrêmes ni toit pour les abriter, ni famille pour les accueillir.
Il ne s’agit pas d’un "retour au pays" mais belle et bien d’un "(re)jet vers l’abîme".
Florence Aubenas, dans Le Quai de Ouistream, nous précipite dans le quotidien de salariés précaires.
Ici, les primes de 150 € sont des parachutes dorés, l’absence de télévision est un crève-cœur et l’ambition inavouable est d’atteindre le statu de caissière.
Au-delà de ces anecdotes, ce qui transperce, c’est le courage et la détermination de ces travailleurs précaires : tous semblent prêts à travailler pour des salaires inférieurs au SMIC, tous multiplient les trajets pour quelques heures de travail et tous vivent dans l’effroi de perdre les contrats d’intérim ou les allocations qu’ils peuvent encore obtenir.
La somme de ces visages et de ces histoires démonte de nombreux préjugés trop couramment véhiculés. Ces individus nous invitent à ne pas agir de façon empirique face à des problématiques complexes. Le devoir de nos élus est de chercher à trouver des solutions pour intégrer ces populations. Cette dynamique est essentielle pour la France : en se contentant de stigmatiser et d’observer, nous ressemblons trop à cette salariée d’une agence d’intérim qui, apeurée par sa propre impuissance, supplie Florence Aubenas de ne plus se présenter à son guichet…
dimanche 14 février 2010
Promesse 2.0
Jusqu’au sommet de Copenhague, les gouvernements mondiaux, conscients et victimes de leur perte d’emprise sur le cours des choses, organisaient à intervalle régulier des grands-messes lors desquelles ils optaient - au choix - pour des objectifs irréalistes ou cherchaient à s’attribuer a posteriori la paternité des modes de fonctionnement déjà adoptés par une partie de la société.
Suite à l’échec danois, il ne leurs reste même plus cette illusion.
Ce déclin contraint les multinationales - ensembles à la puissance sans égal, régulant la vie de millions de salariés et indifférents aux frontières politiques - de structurer la société qu’elles ont façonnée.
Cette implication a priori contre-nature est inévitable si elles souhaitent pérenniser leurs marchés et marges. Si elles acceptent ce rôle, leur partition se déclinera en deux actes.
Dans un premier temps, les entreprises devront se montrer infaillibles, aussi bien au niveau de leur production que de leur gestion interne. C’est d’ailleurs essentiellement au niveau de la gestion des ressources humaines que les multinationales devront se concentrer. L’émergence du web 2.0 permet désormais à tous les salariés de critiquer en temps réel leurs employeurs. Un stagiaire insatisfait pourra durablement ébranler l’image d’une marque auprès de son réseau social en publiant un statut cinglant.
En parallèle, afin de capitaliser sur ces comportements vertueux, les multinationales devront également prendre en charge l’éducation des consommateurs. Elles devront expliquer que les « surcoûts » s’expliquent par l’inclusion dans les échanges de la promesse que le bien-être du client et de sa descendance ne sera pas altéré par son acte d’achat.
L’aspect pédagogique est essentiel pour éviter un comportement schizophrène des consommateurs souvent à l’origine des maux qui les indignent.
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Société
jeudi 28 janvier 2010
Un Cerbère en mode alternatif
L’issue du procès Clearstream et les élections régionales sont l’occasion d’assister à la naissance d’un Cerbère dont l’ambition sera de bloquer à Nicolas Sarkozy et au Parti Socialiste l’accès à la fonction suprême en 2012.
Dominique de Villepin, Ségolène Royal et François Bayrou incarnent les 3 têtes de cet animal mythologique.
Ils joueront, dans les prochaines semaines, leurs survies politiques et ils pourront mesurer leurs capacités à peser entre une droite Sarkoziste et un PS cimenté par la peur d'un nouvel échec.
L’ancien chef du gouvernement est le premier à sortir de son épreuve, mais l'issue indolore de l’affaire Clearstream ne calmera-t-elle pas sa rancœur ?
Ségolène Royal et François Bayrou entrent à leur tour dans l’arène à l’occasion des régionales.
Le 21 mars prochain, ils seront fixés sur leurs avenirs : la première aura besoin d’un plébiscite pour sortir de l’indifférence dans laquelle elle s’enfonce. Le second devra obtenir des résultats significatifs et homogènes géographiquement pour crédibiliser son parti.
Même dans l’hypothèse où il parviendrait à se reprendre, enchaîné par sa posture de contestation perpétuelle et par son incapacité à fédérer autour d'un projet commun, le trio risque fort de ne résister ni à Psyché ni à Orphée.
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Politique
mardi 26 janvier 2010
Coupe de France
Lundi 25 janvier, TF1 servait en « Prime Time » une originale rencontre de Coupe de France.
Une équipe de 11 amateurs, motivés mais sans génie, affrontaient un mastodonte, rodé aux joutes internationales.
L’Elysée FC jouait à l’extérieur mais ce handicap était compensé par un arbitrage largement en sa faveur. Pierre Le Ménahès, jusqu’alors le joueur local le plus incisif, fut expulsé sans ménagement pour son jeu un peu sec.
L’issue de la confrontation ne faisait guère de doute et, à l’exception de quelques menues frayeurs, l’équipe visiteuse s’en sortit sans heurt.
Cette rencontre distrayante mais trop inégale pour être intéressante ne sera malheureusement pas suivie d’un 2ème tour qui aurait opposé le vainqueur au Modem Athlétique ou à l’Olympique de Solferino.
Il s’agissait bien, en définitive, d’un match amical sans aucun enjeu.
« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire »…
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