dimanche 23 août 2009
"Thinking out of the box"
Hervé Kempf s’intéresse ce week-end dans Le Monde à une contestation peu connue : « Des écologistes critiquent le développement du train à grande vitesse. ».
A travers l’article, trois écoles semblent émerger dans cette contestation :
- les « environnementalistes » contestant les tracés et soulignant la mise en danger de « corridors écologiques ».
- les « sociaux » redoutant que le développement des axes liant les grands ensembles n'entraîne la marginalisation des villes non reliées.
- les « décroissants ».
Brièvement cités en fin d’article, ce mouvement est pourtant l’un des plus ancien détracteur du train à grande vitesse. Il n’est pas, pour eux, question de remettre en cause les tracés ou de faire évoluer l’équilibre entre différents pôles d’activité. Le TGV est depuis toujours le symbole du « toujours plus » qu’ils combattent.
Difficilement audibles car utopistes et excessifs, les décroissants ont un projet qui même s’il est, a priori, irréalisable n’en est pas moins cohérent.
Dans les problématiques de développement du territoire et sur un grand nombre de sujet de société, les promoteurs de la décroissance ont un apport très intéressant du fait de leur base de réflexion éloignée de ce qui nous a - d’une façon ou d’une autre - conditionné.
Même sans devenir demain apôtre du « Lentius, Suavius, Profedius » de l’italien Alexandre Langer, prêter une oreille aux « décroissants » pourrait nous amener à dissocier l’utile de l’inutile et éviter une fuite en avant perpétuelle.
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Société
mardi 18 août 2009
Aucun doute possible
Le livre « The Forever War » du reporter américain Dexter Filkins s’ouvre sur une scène effroyable. Convié par ses hôtes à un événement qui se déroule dans le stade municipal de Kaboul, le journaliste assiste à la mutilation d’un pickpocket suivie par l’exécution publique d’un criminel.
Nous sommes en 1998 sous le règne des talibans.
Quand il retourne en Afghanistan quelques années plus tard, les forces internationales sont sur place, Kaboul ne semble pas être totalement apaisé mais quand il se rend au stade municipal, les bourreaux ont laissé la place à des jeunes en pleine partie de football.
Ces deux scènes nous rappellent que, même si la situation afghane est loin d’être idyllique, nous revenons de très loin.
Confrontés à une instabilité chronique depuis des années les Afghans ont appris – par instinct de survie - à faire le dos rond et à suivre le pouvoir en place. La résistance des talibans ne leur permets pas, aujourd’hui, d’adhérer au projet de la coalition car ils ne se font guère d’illusion sur le sort réservé aux « collaborateurs » en cas de retour des extrémistes au pouvoir.
Dans ce contexte les forces internationales doivent plus que jamais être présentes, et ce, jusqu’à l’avènement d’une conscience autonome en Afghanistan.
La tâche sera très longue et il ne faut surtout pas laisser le taux de participation aux prochaines élections présidentielles déstabiliser une coalition déjà fragilisée par les tergiversations allemandes et britanniques. Pour les Afghans qui braveront les menaces pour aller voter et plus généralement pour sortir ce pays de l’abîme, nous devons réaffirmer notre engagement et mettre en place une feuille de route ambitieuse pour permettre à l’Afghanistan de se construire.
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Monde
lundi 17 août 2009
Univers parallèles
Plus que jamais nous assistons aujourd’hui à la juxtaposition de deux mondes : celui, mirifique, de la banque d’affaire et celui, en déperdition, de la banque de détail.
En France, ce décalage n’est pas apparu de façon flagrante dans la mesure où les principaux établissements bancaires couvrent l’ensemble des activités. Ainsi, la BNP et la Société Générale ont largement supporté l’augmentation du coût du risque grâce aux revenus de leurs pôles affaire.
Aux États-Unis les activités sont, malgré la décision prise à l’aube de la crise de casser la spécialisation des organismes bancaires, nettement séparées. Si les méga profits annoncés par les principales structures américaines ont attiré l’attention, peu de cas a été fait des organismes de taille moyenne en très grande difficulté outre-Atlantique. 77 établissements ont fermé leurs portes depuis le début de l’année et 278 pourraient être contraints d’en faire de même avant 2011.
Le fait d’avoir, d’un coté, des structures où l’unité de référence est le milliards et qui se galvanisent d’une santé retrouvée et, d’un autre, des structures où l’on parle en millions et qui ne voient pas le bout du tunnel donne de plus en plus l’impression d'être face à deux univers parallèles.
Le souci vient du fait que ces deux mondes sont aujourd’hui hermétiques et que l’économie réelle ne bénéficiera pas des fameux milliards. A titre d'exemple le titan Goldman Sachs n'acquittera cette année qu'un impôt sur les bénéfices d’un montant de 14 millions.
L’économie ne repart pas. Une remise à plat s’impose. On ne peut laisser l’argent s’éloigner durablement de l’économie au risque de voir les fantasmes d’un petit nombre mener à la perte de tous. Espérons que les sommes accumulées par les banques d’affaires seront un baroud d’honneur avant une reprise en main nécessaire.
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Economie
jeudi 13 août 2009
"The lesser of two evils"
La Russie et l’Iran représentent respectivement 29 % et 16 % des réserves mondiales de gaz naturel.
La richesse de leurs sols n’est pas le seul point commun entre ces deux nations.
Elles affichent, toutes deux, un goût très modéré pour la liberté de la presse et pour l’expression de toute forme d’opposition. Elles s’assurent la domination de leur région respective par l’utilisation de la force de façon directe (Georgie, Tchétchénie…) ou par l’intervention de groupes affiliés (Hezbollah au Liban…).
En revanche, ce que la Russie et l’Iran ne partagent pas, c’est leur traitement par la communauté internationale et les relations commerciales qui en découlent.
Au-delà du fait que cela ne peut que renforcer l’Iran dans l’idée que posséder l’arme nucléaire lui permettra de s’affranchir de toutes les règles établies par la communauté internationale, l’Europe va au devant de très graves difficultés en négligeant la seule alternative crédible à son fournisseur Russe.
Reprendre les échanges avec l’Iran n’est pas une chose évidente mais faire reposer l’intégralité de notre approvisionnement en gaz sur l’erratique Russie ne l’est pas davantage.
Notre salut énergétique passe par le gaz iranien (et par Tbilissi !).
Plutôt qu’un choix entre deux monstres, ne vaut-il pas mieux se doter des moyens pour les dompter ?
mercredi 12 août 2009
Adaptation
Inditex transforme actuellement plusieurs boutiques Zara en Lefties, marque « low cost » du groupe.
L’adaptation est une qualité inscrite dans les gênes de la firme ibérique. Son fondateur, Amancio Ortega, définit un système intégrant l’ensemble de la supply chain de façon à adapter en permanence ses collections aux humeurs de ses clients.
A l’heure où de nombreux groupes puisent dans leurs réserves pour passer la crise, Inditex gère son portefeuille de marques de façon innovante pour s’adapter à l’environnement économique sans brader ses actifs.
Le groupe, dont 80 % des produits sont fabriqués en Europe, montre ici que la flexibilité ne s’applique pas qu’aux effectifs.
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Economie
mardi 11 août 2009
Réenchanter la presse
Le 13 septembre 2006, le groupe Lagardère annonçait le départ de Gérald de Roquemaurel. Cette figure de la presse allait être remplacée quelques semaines plus tard par un transfuge d’Orange. Le premier éditeur mondial illustrait ainsi, de façon caricaturale, les espoirs placés dans le numérique.
Didier Quillot se trouvait à la tête d’un empire avec une mission claire : accompagner la migration des lecteurs vers Internet. Pour lui une "marque de presse" devenait "un concept éditorial, des contenus, des centres d’intérêts qui accompagnent les lecteurs-consommateurs dans leur vie au quotidien"… En un mot : un fourre-tout !
Il déclarait sans complexe que nous allions passer d’un "contrat de lecture à un contrat de vie".
Aujourd’hui le pari est réussi : Lagardère et les autres groupes de presse ont accompagné cet exode des lecteurs vers le web… sans aucun bénéfice au niveau du chiffre d’affaire !
Nous avons assisté à une situation ubuesque où, fascinés par l’eldorado que semblait être Internet, tous nos éditeurs sont partis, fleur au fusil, cueillir l’internaute sans penser au moindre business modèle.
Nous sommes aujourd’hui face à de nouvelles révolutions technologiques : les iPhones et autres Kindles semblent proposer un levier de croissance pour nos équipes dirigeantes en manque d’imagination. C’est une nouvelle fois un mirage : le consensus autour de la commercialisation d’articles à l’unité sur le modèle de la musique n’a pas de sens. Les "marques de presse" deviendraient des écuries de journalistes-bloggeurs sans aucune valeur ajoutée propre et les journalistes phares ne tarderaient pas à s’émanciper plutôt que de mutualiser leurs revenus au sein de leurs rédactions.
Le journal acheté en kiosque est l’avenir de la presse, le vrai challenge est de développer la diffusion. Pour cela il faut mettre en place le plan d’action suivant :
1) arrêter toute diffusion sur Internet des contenus présents dans les supports "print".
2) travailler sur la ligne éditorial et le contrat de lecture. Aucun de ces deux termes n’a perdu de son sens : la ligne éditorial est l’essence de la presse. C’est la sélection de l’information, sa mise en perspective et sa hiérarchisation. Le contrat de lecture c'est la garantie faite au lecteur, qu’à la fin de sa lecture, aucune information majeure susceptible de l’intéresser ne lui aura échappé. La presse doit ici mener un travail de segmentation : les informations traitées sont trop souvent les mêmes d’un support à un autre…
3) dynamiser les ventes grâce aux nouvelles technologies. Il est aujourd’hui possible de se servir d’un panel de solutions pour encourager l’achat de supports de presse. L’envoi du sommaire sur un iPhone avec la mention du kiosque le plus proche, la création d’un système d’alerte trans-support (sur le modèle d'une revue de presse) qui préviendrait le lecteur de la parution d’un article sur l’un de ses centres d’intérêt.
C’est à travers la (re)découverte des titres que le lecteur prendra conscience des contrats de lectures proposés et adhérera éventuellement à l’un d’eux. Le salut du journalisme ne passe pas par des technologies miraculeuses, il passe par le réenchantement de la presse.
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lundi 10 août 2009
Illisible
La Realpolitik est-elle un investissement sur le long terme ?
Au cœur de ce mois d’août, deux évènements nous obligent à nous poser cette question.
En premier lieu l’Iran, mis au banc des accusés suite à la répression qui a frappé les opposants au président Ahmadinejad. Si la violence manifestée lors de ces affrontements doit être condamnée, l’occident - pour avoir omis pendant des années de souligner que l’Iran bénéficiait de l’un des systèmes électoraux les plus ambitieux de la région – était-il à même de prendre position sur le sujet ? Le fantasme d’un rejet massif du président sortant à l’image de celui qui a emporté le parti républicain aux Etats-Unis a fait oublier l’essentiel : Ahmadinejad a sans doute les faveurs de la majorité des Iraniens. En galvanisant une opposition embryonnaire, l’occident l’a sans doute tuée dans l’œuf. Cet incident est comparable à l’absence de soutient américains aux populations rebelles chiites qui avaient pris les armes lors de la première guerre du Golf : c'est un espoir anéanti !
Ensuite, la Mauritanie. Ici, les putschistes ont été acceptés. Les contestations de l’opposition qui évoque des fraudes massives ne parviennent pas aux oreilles de nos dirigeants. On promet même au général Oudl Abdel Aziz armes et coopération.
La diplomatie reste marquée par la ligne Bush, le Bien (celui qui condamne la terreur) et le Mal (celui qui ne le condamne pas). Il suffit donc de parler de lutte contre le terrorisme pour recevoir les faveurs occidentales, le silence ou une posture de provocation vous place, en revanche, hors du cercle des nations civilisées.
L’événement au cours duquel cette Realpolitik a eu les effets les plus dévastateurs reste l’élection palestinienne de 2006 où le Hamas - élu bien plus pour envoyer à la rue un Fatah corrompu que pour mettre au pouvoir un parti belliqueux - a mené à une scission dont la conséquence est la remise à zero de toute solution pour ce territoire.
Nous devons être homogène dans nos traitements des problématiques internationales pour que notre message ne devienne pas illisible.
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jeudi 6 août 2009
Inquiétudes
Interrogé sur son sentiment à l’égard de la politique de rémunération dans le secteur de la finance, Baudoin PROT se disait « inquiet du comportement de grands acteurs de Londres et de New York ». Sous couvert de respecter les recommandations du G20, le dirigeant de la BNP se présentait volontiers comme l’agneau confronté à des hordes de loups.
S’il est difficilement acceptable d’entendre un dirigeant dont les salariés toucheront en moyenne 41 300 € de prime tenir un tel discours, il est indéniable que les participants aux G20 ont une grande part de responsabilité dans cet aveuglement.
Lors de cette rencontre, les dirigeants des principales économies mondiales se sont arrêtés sur quelques recommandations à minima, persuadés que les organismes financiers, traumatisés par l’incident Lehmann, allaient tirer les leçons de la crise. C’est ce qui permet aujourd’hui BNP et à ses consœurs de se glorifier de respecter des limites qui n’en sont pas !
A trop vouloir ménager le patient on l’a laissé retomber dans ses travers.
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mardi 4 août 2009
Israël otage de ses politiques
Avigor Lieberman, le ministre des affaires étrangères israélien est une nouvelle fois dans la ligne de mire de la justice. Cette nouvelle « affaires » au plus haut niveau de l’Etat d’Israël illustre à quel point ce pays est otage de ses dirigeants politiques et militaires.
Tout d’abord, le bricolage actuellement à la tête du pays ne résistera sans doute pas au départ de M. Lieberman. Cela souligne la fragilité des gouvernements et l’absence de ligne directrice dans ce pays qui a tant besoin d’une politique claire et lisible.
Il est ensuite poignant de voir que les personnalités publiques mises en causes pour prises d'intérêt personnel ont la plupart du temps atteint ces fonctions en promettant l'impossible au peuple d'Israël.
On ne peut laisser ces dirigeants se racheter une virginité à coup d’intransigeance envers le peuple palestinien.
Israël a besoin d’hommes courageux, indépendants et désintéressés pour envisager son développement sur le long terme, les politiques actuelles sont menées par des intérêts particuliers qu’on ne doit plus tolérer.
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lundi 3 août 2009
Découplage
Le terme découplage a été utilisé à profusion au début de la crise actuelle.
Pour les plus optimistes de nos économistes, nous étions dans une situation où la conjoncturelle faiblesse occidentale serait amplement compensée par la croissance des pays émergents. Cette théorie était bien évidemment une chimère dans la mesure où la consommation finale était (et reste) concentrée dans les pays riches.
Nos éternels optimistes, galvanisés par des annonces de résultats moins mauvaises que prévues, nous promettent désormais un CAC à 4 000 points d’ici 12 mois (Frédéric Buzaré, responsable de gestion actions chez Dexia AM in La Tribune du 03/08/09). Un tel chiffre correspondrait à une hausse de près de 60% en 15 mois !
Le fait que les marges soient maintenues à coup de coupes drastiques dans les coûts et par extension au détriment de la consommation finale ne les inquiète nullement.
Une finance euphorique face à une consommation anémique, c’est peut-être cela le découplage ?
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