lundi 21 septembre 2009

Le Monde de Clearstream


Clearstream n’est pas seulement la tentative de la part d’un homme, alors au sommet de sa carrière politique, de jeter le discrédit sur son principal concurrent. L’affaire a surtout été l’arme par laquelle ledit concurrent a anéanti toute forme d’opposition au sein de sa famille politique à quelques mois de l’échéance présidentielle.
Souvenons-nous qu’à l’instar de leurs homologues socialistes, les militants UMP s’étaient vus confier la tache de désigner de leur candidat pour 2007. Ces primaires avaient été précédées d’un test peu concluant à l’occasion des élections municipales à Paris. Au delà du désastre parisien, les primaires s’annonçaient beaucoup plus délicates que prévues pour un Nicolas Sarkozy alors au creux de la vague.
En janvier 2006, le tableau de bord politique de l’IFOP annonce le ministre de l’Intérieur distancé de plus de 3 points par Michelle Alliot-Marie et surtout de 7 points par Dominique de Villepin.
Coïncidence ? C’est justement en janvier que Nicolas Sarkozy se constitue partie civile dans l’affaire Clearstream.
Son statut de victime lui permet de casser l’image d’homme omniscient qui l’entoure depuis son premier passage à l’Hôtel de Beauvau. Il retrouve une latitude suffisante pour préparer une contre-attaque foudroyante.
Dans cette vendetta, le futur président peut compter sur une pièce maîtresse : Arnaud Lagardère. Celui-ci est une source d’information plus que fiable : la falsification des fichiers s’est opérée dans le cadre d’une guerre fratricide entre « Lagardère Boy’s » et tous les protagonistes de cette affaire sont des salariés d’EADS…
L’empire Lagardère ne se limite pas aux sociétés industrielles, c’est également un incontournable du monde des Media. Bien avant l’incident à la rédaction du JDD suite à la censure de l’anecdotique abstention de Cecilia Sarkozy ou la mise à pied d’Alain Geneistar pour avoir laissé Paris Match titrer sur l’idylle que vivait l’épouse du candidat, on peut se demander si la première intervention d’Arnaud Lagardère n’a pas eu lieu dans le cadre de l’affaire Clearstream.
C’est Le Monde, un titre dont Lagardère est le premier actionnaire externe avec 17% du capital, qui révélera avec minutie les avancements de l’affaire. Le timing des révélations dans le quotidien permettra de freiner la progression des derniers remparts de la Chiraquie. Le 16 octobre 2006, Le Monde titre « Affaire Clearstream : Michèle Alliot-Marie bientôt entendue en qualité de témoin ». L’article s'ouvre par un « Selon les informations recueillies par Le Monde… ». La ministre - qui devance alors Nicolas Sarkozy de 3 points selon l’IFOP – intimidée par cet avertissement et craignant un déluge médiatique comparable à celui qui a submergé Dominique de Villepin se retire de la course à la présidentielle.
Le 14 janvier 2007, Nicolas Sarkozy devient le candidat de l’UMP à la présidentielle après avoir remporté les primaires avec plus de 98% des voix…

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